Luis Mariano restera pour la postérité le plus populaire ténor
d'opérette du XXe siècle, dont la notoriété s'est également imposée durant une douzaine d'années (à partir de 1945) dans le domaine de la chanson, de l'opérette filmée ou du
film musical " à la française ".
Le point culminant de sa carrière se situe au début des années cinquante au moment où il triomphe au Châtelet dans Le chanteur de Mexico
et au cinéma dans Violettes Impériales.
Comme Tino Rossi avant lui, comme Johnny Hallyday plus récemment,
Mariano aura des milliers de "fans" - surtout des admiratrices - qui prenaient d'assaut sa loge, qui s'évanouissaient sur son passage, qui lui écrivaient des milliers de
lettres... Fondé en 1946, le "club Mariano", qui fonctionna une quinzaine d'années, compta jusqu'à 33 000 membres d'après
Jean-Louis Chardans.
Luis Mariano est né à Irun, en Espagne, le 12 août 1914. Quelques
années plus tard sa famille, les Gonzales, s’installe à Bordeaux où le père exerce le métier de garagiste.
À l'école, le jeune garçon est plus intéressé par le dessin que par
l'arithmétique ou la grammaire. Il a d'autres passions : le chant et la musique ; reçu au concours d'entrée, le voici au Conservatoire de Bordeaux... Sa décision est bientôt
prise : il sera chanteur d'opéra ou d'opéra-comique.
En 1940, il fait la connaissance de Jeanne Lagiscarde, qui dirige le
rayon classique de la maison de disques Bermond ; elle introduit son protégé dans les milieux artistiques de Bordeaux... En 1941, Luis s'inscrit à l'école des Beaux-Arts pour
échapper au travail obligatoire en Allemagne...
Jeanne le persuade de "monter" à Paris. Ce qu'il fera bientôt, muni
d'une recommandation pour le ténor Michel Fontécha, professeur de chant, et accompagné de la fidèle Lagiscarde.
Les leçons de Michel Fontécha lui seront bénéfiques, mais les débuts
sont difficiles et le jeune ténor mène pendant plusieurs mois, avec Jeanne, une vie médiocre, gagnant de-ci de là quelques misérables cachets pour survivre.
Grâce à Guy Lafarge, il rencontre Max de Rieux qui l'engage pour
chanter sur la scène du Palais de Chaillot Ernesto de Don Pasquale aux côtés de Vina Bovy et Gilbert Moryn (1943). Il rencontre Francis Lopez, mais il faudra attendre encore un
peu pour que leur collaboration se concrétise.
L'heure du succès va bientôt sonner pour lui. Les émissions de variétés
et les galas se succèdent jusqu'à cette soirée du 24 décembre 1945, date de la création de La Belle de Cadix... Cette opérette de jeunes, chantée par des jeunes va connaître le triomphe que l'on sait : "Luis
Mariano, ténor à la voix cuivrée, au "si bémol" somptueux, reprend la tradition des chanteurs de grand style des opérettes à grand spectacle. Il a une voix magnifique, aussi
jolie dans sa plénitude, que dans les demi-teintes".
En 1946, Luis Mariano tourne son premier véritable film, Cargaison
Clandestine... Il est désormais célèbre et, au cours des années suivantes, sa notoriété ne fera
que croître en embellir pour culminer au début des années cinquante, au théâtre avec Le Chanteur de Mexico (1951), au cinéma avec Violettes Impériales (1952), sur les ondes ou
lors de galas avec les airs de ses opérettes ou des chansons comme "Qui sait... qui sait", "L'air de San Pedro", "Et flûte et zut", "Maria-Christina"...
En 1949/1950, il se sépare de la dévouée mais envahissante Jeanne
Lagiscarde ; il engage comme chauffeur François Lacan dit "Patchi" qui deviendra son ami et l'un de ses héritiers.
Entre 1946 et 1958, Luis Mariano tournera quinze opérettes filmées ou
films musicaux : les plus célèbres opérettes de Lopez, créées par lui ou par d'autres (Quatre Jours à Paris, A la Jamaïque) et plusieurs longs métrages musicaux
tels que Histoire de chanter (musique de José Lucchesi), Cargaison Clandestine (musique de Joe Hajos), Violettes Impériales (Lopez), L'Aventurier de Séville (Lopez et Quintero) et Sérénade au Texas (Lopez), sans oublier Le Tzarevitch d'après Lehar.
Au théâtre, notre ténor abandonne pour un temps Francis Lopez au
bénéfice de Henri Bourtayre et Jacques-Henri Rys qui composent pour lui Chevalier du Ciel (1954) donné au théâtre de la Gaîté-Lyrique qui a été, quelques années plus tôt,
le siège de son second succès théâtral, Andalousie (1948).
Après une grande tournée avec le cirque Pinder, Luis Mariano crée, fin 1957 à Madrid, une opérette de Francis Lopez, La cancion del amor mio qui ne remporte pas le
succès espéré.
Et nous arrivons à l'aube des années soixante ; L'opérette commence à
se replier sur elle-même et se réfugie dans les théâtres spécialisés. La notoriété des chanteurs de variétés tels André Claveau subissent fortement la vague yé-yé. Même Tino
Rossi subit un temps le contrecoup de ce déferlement. Luis Mariano est toujours demandé par les télévisions, ses tours de chant ont encore du succès, mais il y a quelque chose
de changé. Son passage à l’Olympia (1958), qui aurait déchaîné les foules quelques années plus tôt, ne remporte pas le triomphe escompté. Par contre, le public des théâtres
d’opérette le plébiscite toujours.
Après Le Secret de Marco Polo au Châtelet (1959), nous retrouvons Luis
à Paris dans Visa pour l'amour qu'il mène au succès avec sa partenaire Annie Cordy. Après la capitale, la pièce se joue en province jusqu'en 1964 ; le ténor chante
ensuite en province Le Chanteur de Mexico et La Belle de Cadix avant d'effectuer une rentrée triomphale au Châtelet dans Le Prince de Madrid (1967) qui tient l'affiche dix-huit
mois.
Après la tournée du Prince de Madrid, Luis Mariano se sent fatigué et
l’on s’inquiète pour sa santé. Il se repose trois mois puis rejoint Paris pour les répétitions de La Caravelle d'Or qui est créée le 20 décembre 1969.La maladie ne lui permettra pas d'achever la série de
représentations. Il devra souvent être remplacé et quitte définitivement la scène le 10 mai 1970. Il s’éteint le 14 juillet 1970.
Luis Mariano entre alors dans la légende...
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